L’Ordre des Prêcheurs a été fondé par saint Dominique. Celui que l’on appelle « Notre Père » n’est pas le saint le plus populaire, il n’a pas non plus laissé de textes ni de prédications qui permettraient de l’entendre directement. Néanmoins son enthousiasme pour le salut des hommes, son amour de la vérité et sa joie communicative sont des traits chers à tous les frères !

Saint Dominique est né Dominique de Guzmán, au milieu du XIIe siècle en Espagne, vers 1170. C’est un homme du Moyen-Âge, un Espagnol de famille riche. Ses parents décident pour lui qu’il serait prêtre et ils lui font étudier la théologie à l’université. 

Comme sa famille a de l’argent, Saint Dominique possède ses propres livres, ce qui est plutôt rare pour l’époque. Il apparaît comme un étudiant sérieux, un peu trop sérieux peut-être, toujours plongé dans ses livres. Mais un jour, il décide de tout remettre en question.

A ce moment là en Espagne, une famine décime le pays. Les gens meurent de faim sous les fenêtres de Dominique. Il décide alors de vendre ses livres, ses précieux livres, pour donner l’argent aux pauvres. Ce jour-là, il est bouleversé par les souffrances des autres et c’est pourquoi il préfère aider ceux qui mouraient de faim plutôt que de continuer à travailler avec ses livres qu’il aimait tant.

Après ses études, à 26 ans, Saint Dominique entre au monastère, pour y vivre une vie austère et difficile. Rien ne lui fait peur. Sa vie alors, c’est la prière, la liturgie et l’étude. Très rapidement, les autres moines en viennent à admirer cette vie exemplaire, et certains la jugent même trop exemplaire.

Saint Dominique à la rencontre du monde

Saint Dominique aurait pu poursuivre sa vie austère au sein de son monastère, mais il se trouve que Dieu a d’autres projets pour lui. Un jour, son évêque vient le voir : il a besoin de quelqu’un pour l’accompagner au Danemark, pour un voyage diplomatique. C’est un très lointain voyage pour l’époque. Pour le faire, il faut sortir du monastère, quitter ses habitudes, et sa vie bien réglée. Lors de ce périple, pour la seconde fois, Dominique est bouleversé par les souffrances des gens qu’il croise en chemin.

À l’Est de l’Europe, il y a à cette époque des barbares sanguinaires qui pillent les villages, violent les femmes et détruisent tout sur leur passage. Les gens lui racontent tout cela et Dominique pleure. On lui raconte qu’il y a aussi des païens qui ne connaissent pas encore le Christ, et qui vivent dans la peur de la superstition. Et Dominique pleure encore. Il y a enfin au Sud de la France des gens qui sont scandalisés par le style de vie des prêtres et des moines. Ces groupes veulent vivre de manière plus évangélique, sans se rendre compte qu’ils commencent à former des sectes. Dominique pleure toujours.

Mais n’y a-t-il rien d’autre à faire que pleurer ? Dominique passe des heures à prier, mais que fait-il pour eux ? Ses études lui plaisent, mais lui servent-elles vraiment ? Il ne peut plus supporter de vivre enfermé entre quatre murs. Il a besoin de sortir, d’aller vers les pauvres pour leur annoncer la Bonne Nouvelle que Dieu visite son peuple et ne l’abandonne jamais.

Faire du monde entier un nouveau monastère

Avec son évêque, ils décident donc d’aller à Rome pour demander au Pape la permission de changer de vie, de partir sur les routes pour faire du monde entier un nouveau monastère. Dominique veut rencontrer les gens, vivre avec eux et partager avec eux leurs souffrances et la joie de vivre en Dieu.

Le Pape accepte, il leur confie à tous les deux la mission de parcourir les routes du Sud de la France pour rencontrer les hérétiques. Mais le Pape pensait en même temps à une autre solution pour ces hérétiques : leur faire la guerre. A l’inverse, Dominique les a aimés, ces hérétiques. Il a entendu leurs critiques contre l’Église, les prêtres, leur richesse et leur hypocrisie. Il les a tellement compris qu’il a voulu vivre comme eux et leur montrer que le Christ est avec tous ceux qui le cherchent en vérité. Les autres ne comprenaient pas ce qu’il faisait, ça aurait été tellement plus facile de les brûler tous !

Et le miracle arriva ! La charité de Dominique fut plus efficace que les bûchers. Il voyait dans ces hérétiques des frères, et eux ont reconnu en lui un saint authentique. Malheureusement, Dominique n’a pas pu empêcher la folie des soldats qui ont massacré beaucoup d’entre eux. Là encore, Dominique versa plus d’une larme !

Fondateur de l’Ordre des prêcheurs

Il passe près de dix ans dans la région de Toulouse avec les Cathares, ces pauvres qui l’ont tant marqué, qu’il a tant aimés et pour qui il a tout donné. A 45 ans, comme de nombreux frères et sœurs ont voulu partager sa vie, voilà qu’il devient le fondateur d’une nouvelle façon de vivre l’Évangile ! Il a pour eux le projet d’une communauté de prêcheurs, c’est-à-dire des hommes et des femmes au service de la Parole de Dieu. Ces prêcheurs pourront vivre joyeusement la Parole de Dieu en commun, pour l’étudier, l’annoncer de par le monde, la méditer, la chanter. Certes il y a de tout dans cette vie-là. Elle aurait été impossible à vivre pour qui n’est pas saint Dominique !

À 51 ans, il meurt tranquillement, entouré de ses frères, s’effaçant derrière le nouvel Ordre religieux qu’il venait de fonder, l’Ordre des prêcheurs.